Wednesday, April 04, 2007

Lettre Morte

Je lui ouvre comme une fleur, pétale après pétale de coeur frappé de rosée sucrée.
Ma plume écrit les lettres d'amour sincères et enflammées que je ne lui enverrai jamais, mon corps répète les scènes d'amour surréelles que nous ne jouerons jamais.
Mes narines hument les embruns de sa peau lorsque mes yeux ne trouvent pas encore l'azur des siens. Ma gorge goûte le flot de ses sueurs lorsque ma paume cherche encore les courbes de son corps.
Faut-il qu'elle demeure un fantasme... Faut-il que notre idylle demeure romanesque... Faut-il que notre amour demeure lettre morte.

C'est ainsi. Le grain du papier humecté de parfum noircit au bruit des craquements de bois de cheminée. En cendres... la lettre est morte, à l'instant. Je ne veux plus le savoir car elle ne l'a jamais voulu. Notre amour est mort-né, notre frontière est bornée.

Je voulais m'enfuir de l'évidence.
L'évidence de son rire, l'évidence de sa faucette, l'évidence de son cil, l'évidence de ses lobules, l'évidence de son aine , l'évidence de son aisselle, l'évidence de son petit orteil, l'évidence de son genou, tout chou.

Mais les lettres sont faites pour mourir. Et les miennes étouffent un dernier soupir en nourrissant la flamme de la cheminée, tout en éteignant ma propre. Car ma flamme avait la flemme et n'était pas très propre. Elle vivait de nos péchés, qui sont tombés à l'eau : une flamme dans l'eau, on aura tout vu.

Demain, d'autres lettres remplaceront celle-ci, l'encre pourpre de mes divagations assombrira à nouveau ces pages blanches de possibilités. Alors à demain ma douce, n'oublie jamais, après la mort, c'est la renaissance.

Sunday, March 25, 2007

Explication de texte

Je ressens le besoin d'expliquer le contexte et les raisons de l'existence de la nouvelle ci-dessous. Car pour être tout à fait franc, je peux concevoir que ce texte paraisse quelque peu choquant ou dérangeant. J'aimerais pouvoir assumer ce texte totalement et m'en foutre de ce que pensent les gens mais je n'y arrive pas. Même si, ne vous méprenez pas, j'en suis tout de même satisfait.

Tout d'abord je tiens à préciser que ce texte est de la fiction pure, n'étant moi-même jamais entré dans quelque sex shop que ce soit. J'ai appris à propos des glory-holes à droite à gauche, dans Romance X notamment (le film de catherine Breillat) et cette pratique a un côté profondément romanesque et littéraire à mon sens.

Ce que je voulais faire passer dans ce texte, c'est de ces moments difficiles dans une vie où l'on a juste envie du pire, où l'on ressent le besoin de se salir parceque l'on a soi-même salit. Cette nouvelle est censée représenter la dégringolade mentale qui se produit à ce moment là, où l'on voudrait que plus aucune loi ou règle n'existe plus, une sorte de parenthèse désenchantée où l'on pourrait se laisser dériver à des extrêmités que l'on n'oserait jamais en temps normal.

Ce texte est en fait une métaphore : il doit rester une part d'irréel dans ce genre de parenthèse. En fin de compte, le personnage principal ne s'est-il peut-être tout simplement jamais réveillé ? tout ceci n'est peut-être qu'un cauchemar ? voilà la métaphore du glory-hole, et surtout du personnage inconnu.

Car on m'a aussi questionné à propos de ce personnage, certains déplorant notamment le fait qu'il reste inconnu tout au long du récit. Il (ou elle), c'est simplement la personnalisation de la métaphore. Vous savez, ce partenaire dont on rêve tous, qui nous accorderait tous nos désirs les plus secrets (et nos déviances aussi). Ce partenaire avec qui l'on peut se laisser aller totalement et qui nous accepterait totalement (vous comprenez l'image là? :p) sans risquer quoi que ce soit, no strings attached comme disent les anglais.

Mais rapidement notre type se met à douter de sa colère et commence à culpabiliser d'infliger ses perversions à l'autre (j'en connais certains qui se reconnaîtront), et le retour à la réalité se produit brutalement : on ne peut pas faire n'importe quoi sans risquer le retour de bâton.

J'ai exprimé l'objet du problème avec la présence de Séverine, qui symbolise le côté humain du personnage principal, son ancrage dans la normalité et le sentiment vrai. Tout n'est pas perdu pour lui, il n'est pas qu'obscurité. Comme a dit très joliment une amie à moi, "la fin prouve que, dégueulasse ou pas dégueulasse, il y a toujours de l'amour même dans la lie des choses. "

Maintenant que j'ai expliqué le texte, parlons du contexte. J'ai écrit cette nouvelle avec "Venus in Furs" du Velvet Undergound dans les oreilles. Cette litanie lancinante qui vous prend aux tripes et vous amène dans un état second convient tout à fait à la lecture de la nouvelle. Lou Reed lance des cris plaintifs à Severin tout au long de la chanson, et c'est donc de là que vient le nom de la fille de mon histoire.

Néanmoins, l'histoire de la chanson, bien qu'étant elle aussi basée sur une déviance, est assez différente. Elle est inspirée par une nouvelle (quelle ironie du sort!) écrite par Leopold von Sacher-Masoch, vous l'aurez compris, c'est effectivement l'autre type de l'expression sado-maso. Et étonnament, Severin est en fait un homme, Severin von Kusiemski, personnage principal de la nouvelle, si amoureux d'une dame (au doux nom de Wanda von Dunajew) qu'il lui demande de le traîter comme son esclave, de façon progressivement de plus en plus dégradante. Il décrit ce qu'il ressent alors par le mot "supersensualité".
Le paroxisme de cette histoire arrive lorsque Wanda elle-même tombe sous le charme d'un autre homme, dont elle aimerait devenir la soumise.

Voilà. Vous savez maintenant à peu près tout ce qu'il y a à savoir sur la nouvelle du post d'en dessous. Si vous voulez la relire, je vous conseille de le faire en écoutant le morceau du Velvet.

Thursday, March 08, 2007

La nouvelle la plus dégueulasse de ce blog

Méfiez-vous de vos parents, ils vous cachent des choses. Ils se sont bien gardés de vous le dire quand vous étiez petits, quelle horreur c'est la vie. Enfant, on vous gave de couleurs vives, de doudous, de gnagnagnas et de petits poneys, au dessein inavouable d'endormir votre vigilence juste assez longtemps pour passer LE cap. Ce cap si précieux et effrayant de la conscience de soi. Question de conservation de l'espèce.

Ah si j'avais su alors dans quel merdier j'avais atterri, dites-vous bien que j'aurais eu l'inconscience (les couilles?) de me jeter du troisième étage de la tour Eiffel.

Trop tard, je suis adulte maintenant. Pas pour autant plus responsable. Il est 22:07 à mon réveil-soir et c'est pourtant le téléphone qui sonne. Emmitouflé dans une couette bleu pétrole, pas envie de me réveiller. Allez vous faire foutre monde cruel. La télévision bourdonne dans le fond, des rires toutes les trente secondes. Envie de dormir mais plus envie de dormir. Des cadavres de canettes diverses, boîtes de pizzas, vieilles chaussettes, verres renversés, moquette Jackson Pollock jonchent mon parcours douloureux vers le frigo salvateur. Un peu d'air frais enfin.

Enfin quoi. S'il y a bien une chose que j'aurai senti venir, ç'aura été celle-ci. Ca n'en fait pas une expérience plus soutenable pour autant. Je suis une telle loque que je mérite ma mauvaise haleine. Assis sur le lit à faire semblant de regarder Fashion TV, toutes ces filles belles à en vomir mais je ne pense qu'à une seule, celle qui a enfin eu la lucidité de me sortir de sa vie, lundi dernier.

J'ai beau avaler péniblement un Activia de Danone enrichi en bifidus actif, l'air est irrespirable. La tête qui tourne, idée fixe, oeil hagard, il va peut-être falloir que je fasse un tour dehors pour me changer les idées. J'ai envie de nuit, de pluie fine sur le visage, de lampadaires flous et de sillons de pneus dans l'eau.

J'ai aussi envie de ne croiser personne : les gens sont moches quand on ne veut pas les voir. Mais ça je sais faire, je me réfugie dans mon monde et tout est dépeuplé. J'enfile mon attirail de dandydécadent et descend sur le Boulevard Sébastopol.

La pluie est légère mais je me concentre pour l'éprouver quand même. Je veux ressentir chaque goûte acidulée comme une micro claque qui compenserait celles que Séverine ne m'aura pas foutu -- par oubli certainement -- et que j'ai pourtant tellement mérité.

L'autodestruction est une discipline de tous les jours. Il faut l'entretenir précautionneusement sinon on risque de se laisser aller à l'inavouable, au bonheur ; ou encore pire, à la routine. C'est sur cette réflexion tout à fait dénuée de sottise que je me décide à diriger mes pas vers une rue adjacente, la Saint-Denis.

Il y rôde à cette heure-ci une faune plus qu'éclectique, assez réjouissante au demeurant pour mon humeur du moment. Quitte à vraiment toucher le fond, je me mets en quête du peep show le plus pourri que je puis trouver. C'est en voyant des écriteaux étoilés rose fluo et des posters coquins délavés des années quatre-vingt, brushing éclaté sur chevelure peroxydée que je me décide enfin.

En entrant dans l'infâme boui-boui je croise subrepticement le regard du petit type de la caisse, un gros brun mal rasé qui semble se faire chier royalement en mangeant salement un sandwich tout aussi sale que lui. Des goûtes de sauce blanche éclaboussent le journal d'une langue non identifiée qu'il est entrain de lire tout en jetant de brefs coups d'oeil à ses écrans de contrôle bicolores.

Il ne doit pas être habitué à ce que les clients soutiennent son regard, et je le vois vite feindre de se replonger dans son journal barbare. Evidemment, dès que je me retourne pour vaquer à mes occupations malsaines, je sens sa tête remonter comme un ressort et me fusiller du regard.

Il existe toujours dans nos souvenirs de vie quelques moments singuliers, expériences que l'on a vues ou faites que l'on aimerait pouvoir effacer de nos mémoires mais qui on le sait malheureusement, resteront à jamais gravées comme des diapositives concupiscentes d'un horrible voyage en décadence. Ces choses que l’on n’osera jamais dire à personne et qui constituent le cimetière sinistre au fin fond de notre jardin secret.

Ce genre d'expérience fondatrice, je voulais en connaître une ce soir. Bien marquer le coup.

Alors évidemment, les étalages entiers de DVD Vivid et autres Hot Vidéo aux putes de l'est avalant des bites dans chaque trou réglementaire tout en feignant des sourires rouges vifs me lassent rapidement. Beaucoup trop morbide. Je décide donc de descendre dans l'obscure arrière salle pour me trouver un box de visionnage individuel. La plupart de ceux-ci sont manifestement occupés, je me fais vite à l'odeur de sueur et de sperme caillé.

Je n'ose imaginer les substances que pourrait découvrir une analyse biologique par des policiers américains sur la télécommande que je saisis pour faire défiler les chaînes et trouver un film digne de ma libido actuelle. Peine perdue, j'ai énormément de mal à trouver sexy ces filles en plastique blondes à peu près toutes pareilles que cet étrange monsieur Flint semble vouloir m'imposer. De toute façon, la seule pornographie que je n'ai jamais pu supporter se situe aux alentours des années soixante-dix et quatre-vingt.

Mais là, maintenant, il me faut quelque chose de tout à fait dégueulasse, de crade, de salace, un truc que l'on n'ose à peine regarder du coin de l'oeil. Et si possible une femme avec de vrais seins, de vraies fesses et une réelle envie de se faire mettre misère par tous les trous et dans toutes les positions : en somme, une vraie salope.

Finalement, je me contente un peu par défaut d'un porno-réalité californien dépeignant une fille de dix-huit ans et trois jours (permis de conduire à l'appui) léchant l'anus d'un acteur tout en se faisant pénétrer le cul par deux énormes bites noires en même temps.

Après quelques minutes fastidieuses, un bruit de grattement me distrait de ce spectacle émouvant. Un son venant de ma gauche. Je cherche dans la pénombre et semble discerner un petit doigt sortant de la paroi du box, grattant pour éveiller mon attention. Semblant doué du sens de la vue, dès que je suis fixé sur lui il se met à me faire signe de venir vers lui. Dans le noir, je n'avais pas réalisé la présence d'un glory-hole dans la paroi.

Vite compris de quoi il était question, j'enfile mon propre doigt dans le trou et attends quelques secondes cette sensation chaude et humide qui entoure mon index, mordillé légèrement et langoureusement. Le petit doigt inconnu ressort et recommence ce mouvement de viens-là-que-j'te-suce.

Par soucis de démontrer à la personne en face de moi qui commande ici, je décide de frapper le trou d'un violent coup de pied, corrigeant le doigt au passage. Puis, ouvrant rapidement le zip de mon jean pour ne laisser aucun doute sur mes intentions, je sors à l'air libre et dirige le bassin vers la cavité obscure.

À partir de cette seconde précise, je suis à la merci totale de cette personne non identifiée et asexuée, mon ascendant n'étant plus qu'exclusivement psychologique.

Au fond, j'apprécie cette sensation de déperdition totale, mon corps est en accord parfait avec mon esprit chaotique. Qu'on me coupe la bite à la machette, à cet instant précis, m'est complètement égal. Je ne vois de toute manière plus aucune utilité à mon appendice sexuel : il m'encombre plus qu'autre chose depuis qu'elle n'est plus là, et pire encore, c'est bien celui-ci qui aura causé ma perte.

Néanmoins, l'accueil n'est que pure douceur de l'autre côté de la paroi, une sensation suave bien connue englobe lentement mon membre à peine éveillé. Je n'en suis pas encore à me demander qui peut bien être cette sympathique personne.

Femme, homme, jeune, âgé(e), grand(e), petit(e), gros(se), mince... son histoire, ses raisons, sa vie, ses problèmes nous sont tout aussi dérisoires à l'un qu'à l'autre. Le seul aspect important de ce contrat à durée déterminée est l'instant présent et le mouvement de va-et-vient qui rythme notre affaire commune.

Me laissant envahir par mes sensations, essayant de perdre toute notion de réalité, je goûte mon index couvert de salive inconnue. Ma verge est complètement déployée maintenant. La bouche semble tout à fait à l'aise dans cet exercice. Les sensations sont élusives, je vois flou les yeux fermés, seul le visage de Séverine m'apparaît de plus en plus clairement, elle s'empare doucement de mes pensées.

L'air est frais tout à coup, je sens les volutes d'air marin me traverser les joues, un soleil assomant nous surplombe Séverine et moi, quelques grains de sable parviennent à nous sur notre matelas blanc à quelques mètres de la plage estivale. Les cris des enfants s'accordent à ceux des oiseaux de mer au lointain, des voiles blancs cassés nous caressent doucement. Le ressac de la mer proche nous berce dans nos rêveries. Notre lit se trouve au milieu d'un ponton au milieu d'une plage au milieu d'une île au milieu d'un océan au milieu du monde. Séverine se tourne vers moi et me gratifie d'un regard sans équivoque du plus profond de ses yeux couleur de ciel, tout en me frôlant délicatement de sa peau dorée. Ses pores exhalent une fragrance mielleuse et appétissante. Nos deux corps s'enlacent et je déguste la peau de son joli cou.

L'excitation me monte dangereusement, je me sens proche du point de non-retour. Le va-et-vient est monté progressivement en intensité et se mue en mouvement déchaîné et furieux. Je suis seul au monde avec cette bouche qui en veut manifestement à mon intégrité physique. Il est trop tard maintenant. Je laisse échapper un léger soupir, et les canons de Navarone se mettent en marche.

Le premier jet atteint le fond de la gorge et je sens la bouche se rétracter en un réflexe défensif. Je frappe alors un deuxième grand coup dans la paroi et la bouche se fige dans sa retraite, bon élève. Elle se remet en place progressivement et je ressens maintenant les mouvements de déglutition se succéder rapidement. Après quelques secondes ma source se tarit enfin et je laisse la bouche se départir de mon membre redevenu sans vie.

L'atmosphère nauséabonde qui emplit la scène et mon mal de tête n'arrangent pas mon état second. Je reste planté là, ma trique pendant de l'autre côté du mur tandis qu'une main se met à la remuer lentement. Je sens alors monter un autre besoin vital, pas moyen d'esquisser le moindre mouvement pour autant.

Ca y est, le liquide jaunâtre se met à couler. La main s'écarte rapidement alors je frappe une nouvelle fois, puis une nouvelle puis encore une autre, jusqu'à ce qu'elle se décide à revenir. Je recommence à taper cette fois-ci frénétiquement et je sens la bouche se réapproprier ma bite. Celle-ci se remplit alors rapidement et l'inconnu(e) a du mal à suivre le flot urinaire incessant. La bouche explose alors et je sens mon sexe arrosé par ma propre pisse. Mais, disciplinée qu'elle est maintenant, elle ne flanche pas et continue d'essayer à en gober la majorité jusqu'à ce que le volume diminue et que le flot s'arrête.

Enfin, je me sens vidé de tous mes péchés. Néanmoins, la nausée persiste et sentant mes pieds vaciller, mon pantalon abaissé aux chevilles, mon corps s'écroule de tout son long par l'arrière sur le siège en plastique noir. J'entends raclements de gorge et crachats de l'autre côté. J'essaye de reprendre mon souffle et mes esprits sans y parvenir totalement, les sensations se bousculent en moi. L'ambiance s'est calmée et j'ai l'ultime lucidité de discerner la main ressortir du trou pour me gratifier d'un délicat doigt d'honneur. C'est le dernier contact direct que j'aurai eu avec ce personnage, et c'est bien suffisant. Je n'aurais jamais voulu avoir à soutenir son regard, quel qu'il ou elle fût.

Les odeurs pestilentielles du box combinées à celles de l'endroit ont finalement raison de mon système digestif et je finis ce voyage en enfer en dégueulant un peu de yaourt et beaucoup de bile acide sur mes chaussures vernies. L'arrière-goût aigre me restera toute la nuit.

Je suis sur le point de m'assoupir après ces évènements mémorables lorsque la réalité se rappelle brutalement à moi alors que deux énormes types ouvrent la porte de mon box pour découvrir un petit con affalé, pantalon baissé bite à l'air, bile aux lèvres et baignant dans sa pisse.

Ils me tirent alors violemment de mon siège pour me sortir de là et me traînent à grands fracas dans l'allée où une demi-douzaine de petites têtes moches sortent de l'entrebâillement de leur box pour regarder ce qui se trame au dehors. Le petit type du comptoir se tient en retrait, certainement alerté par mon flirt du soir ou bien peut-être par mes coups de poings aux parois dont je n'avais jusqu'alors pas réalisé l'éventuelle portée sonore.

Tout en me traînant négligemment chacun par un bras, les deux butors m'assaillent de coups sur la tête -- pour m'aider à me réveiller certainement -- mais ce témoignage de leur sollicitude, appréciable au demeurant, n'améliore pourtant pas ma situation mentale. Ils me couvrent de réprimandes et d'insultes que je ne comprends pas tout à fait, ayant plutôt tendance à mélanger tout ça dans un imbroglio acoustique. En fin de compte, et alors que nous passons la porte de l'établissement et que le froid de la rue combiné à celui de la pluie me giflent la peau, balancé nonchalamment sur les pavés gelés, ma tête cognant contre un petit nombre d'entre eux, je dois l'avouer, dans mon monde, je n'entends plus que le ressac de la mer.

Et je pense à Séverine.

Sunday, February 18, 2007

CHAOS A.D.

Je sais pas ce que je recherche au juste dans la vie. En fait je sais pas ce qu'il faut y chercher. Je crois juste que c'est trop élusif pour que je l'atteigne. En ce moment même je ressens un effroi brûlant sur ce que je suis et ce que je fais. Parfois je perds le sens des choses, je ne vois plus l'intérêt de jouer à ce petit jeu qu'est la vie, je pourrais aussi facilement aller me broyer contre un 33 tonnes sur l'autoroute.

Heureusement c'est de plus en plus rare, mais c'est latent. J'ai eu de l'effroi, là, à anticiper les conséquences de mes actions alors que je ne suis même pas certain de l'avoir faite cette grosse connerie. J'ai horreur de cette incertitude. Mais alors, si ça a bien eu lieu, j'ai aussi peur de ne pas être compris, d'être capté sur une fréquence différente, celle du paraître, alors que c'est pourtant l'une des premières fois de ma vie où j'ose la sincérité.

Mais ma sincérité n'intéresse pas forcément les gens. Je n'ai juste pas pu m'empêcher de le faire, j'ai eu un relent de bonne foi. Quelle parasite cette bonne foi. Elle montre aux gens que je ne suis pas aussi lisse que je voudrais le faire croire, que parfois aussi, je suis au bas du rail de la montagne russe.

On se trompe tous, nous, les névrosés urbains du troisième millénaire. Ca ne sert à rien de chercher l'approbation des gens. D'abord parce-qu'ils ne l'accordent jamais, au premier faux pas on est éjectés sur le bas côté, et deuxièmement parce-que les rares fois où l'on arrive à l'arracher on se rend compte qu'en fait ça n'arrange rien.
On finit frustrés et toxicos, à attendre de plus en plus nerveusement l'éventuel prochain fix.

Mais non, ne cherchez pas, ça n'arrange vraiment rien.

Pourtant c'est plus fort que moi, je n'arrive pas à m'en sortir et en plus je m'y prends très mal. Mais je le vois autour de moi, je sais que la majorité des gens souffrent du même mal. Enfin quand je dis les gens, je parle toujours de notre échantillon de population étudié : le jeune adulte urbain névrosé du troisième millénaire.

Hier j'ai remis mon amour propre dans les mains d'une autre personne. Je me suis mis en danger pour rien. Je peux pas continuer avec des postures de ce genre. Je dois arriver à m'en foutre.

C'est pas gagné.

Thursday, February 08, 2007

La gamine et le junkie

Ouais j'ai envie d'écrire, mais je préfère ne rien dire comme je me connais je suis capable d'en perdre l'envie. Je suis comme une petite gamine trop belle pour qu'on lui refuse quoi que ce soit. Je fais des caprices, j'ai énormément envie d'un truc le lundi, et je m'en fiche comme de ma première pipe le lendemain. Alors on verra.

Ca m'énèrve cette manière que j'ai de vouloir parler des choses avant de les avoir faites, tellement je sais que quand je l'aurai fait ce sera bien, j'ai envie que les gens s'intéressent, m'aiment en fait. Et puis ensuite je passe à une autre addiction.

Je suis un serial-junkie.

Est-ce que j'ai envie de faire de l'écriture ma vie ? J'en connais qui sont tellement plus fait pour ça que moi... j'ai pas le temps, parfois l'envie, souvent pas la patience. Tu me diras c'est toujours mieux que les putains de jobs vomissifs que j'aligne en ce moment.

C'est plus intéressant de faire rimer contrescarpe et métacarpe que de sourire bêtement toute la journée. Faudrait peut-être que je me réveille. DRING. Non.

Filez-moi une piqûre de coke, d'extas, je sais pas quoi, un truc pour me faire réagir... non toujours pas, encéphalogramme plat. Comme d'habitude. Y a des jours où on a l'impression de pas avancer. Je crois que ça devient un problème quand tous les jours sont comme ça. J'ai une quinte entre les mains. Et moi je change trois cartes. C'est tout moi ça.
L'esprit de contradiction.

Tuesday, January 30, 2007

Voilà... c'est...

Bon j'ai donc un peu fait le ménage et stoppé mon précédent 2ème blog (mais n'ai pas pu le détruire, merci blogger.com tout bancal -- vous pouvez toujours le consulter même si ça ne sert à rien).
Bon comme on dit un blog de perdu, un blog de perdu. Mais c'est comme le phoenix, un nouveau blog est né des cendres de l'ancien! Et il est mieux je vous l'assure madame.

Bon je vous l'accorde, il est encore assez peu fourni pour le moment mais bon c'est une question de jeunesse ça, il ne va aller (je l'espère) qu'en s'améliorant. C'est une direction tout à fait nouvelle que je prends avec ce blog, et c'est cool.

J'aime bien bouger, changer, évoluer. J'apprends pleins de choses dans le processus. On pourrait croire que c'est un blog sur la mode à première vue mais c'est en fait une impression trompeuse, simplement dictée par l'actualité du moment. J'en veux faire un blog généraliste dans la culture, où je parle aussi bien de mode que de cinéma, de musique, de littérature ou d'art contemporain (et encore d'autres choses même! que sais-je).

J'ai créé un zoli logo, une ambiance fraîche et acoustique, laissons le futur nous montrer dans quelle direction cela nous amènera. Je suis optimiste.

[EDIT] je me rends compte que je n'ai même pas mis de lien vers le nouveau blog. C'est ici : purple mode! [/EDIT]

Sunday, January 28, 2007

Remaniement thistériel

Ok donc je vais virer le blog d'à côté (pour diverses raisons obscures que je ne vais pas exposer ici), et le remplacer par un blog dont l'idée me taraude depuis un certain temps.

On verra ce que ça donne, peut-être l'un des deux souffrira de l'existence de l'autre, l'avenir seul me le dira.

Je viens donc de rappatrier certains posts ici car ce blog-ci redevient mon blog normal et non plus dédié seulement à un éventuel prochain bouquin. Ca me reviendra en temps voulu mais je mets ce projet entre parenthèses pour l'instant (non pas par manque de motivation mais par souci de travail en amont).

Bisous

14 Avril

L'écriture de mon bouquin me fait me poser beaucoup de questions. Il y a de bons éléments dans ce que j'ai écrit mais je ne trouve pas ça brillant non plus.

J'ai lu le blog de Chloé Delaume sur son site et me suis beaucoup remis en question. Je suis loin d'avoir ce que l'on peut considérer une culture littéraire, et pour moi jusqu'ici mon bouquin c'était surtout un moyen de sortir tout ce que j'ai dans le ventre, crier au monde que j'existe.

Je n'ai pas vraiment pensé au style d'écriture et à ma sincérité artistique, partant du fait que dès le départ pour moi, écrire un bouquin c'est de toute façon respectable. Elle m'a fait comprendre que non, qu'il y a de la mauvaise littérature, du bas de gamme et qu'il se pouvait que ce que je fais en soit.

Je fais de l'autofiction dans un style actuel, c'est à dire lâcher les mots bruts, style assez clair et direct. Je suis capable de jouer avec le style et les mots mais je n'avais pas l'intention de le faire ici.

Je me rends compte aussi que mes paragraphes partent un peu dans tous les sens, j'ai tellement de choses à dire que tout vient en vrac (classique pour une première oeuvre -- dans quelque domaine que ce soit) et n'est pas épuré par les années d'expérience de l'écrivain aguérri.

Je fais aussi un complexe sur le vocabulaire. Bien-sûr j'en ai, et certainement j'en utilise plus que la majorité des gens mais quand je vois certains mots employés par Chloé Delaume, qui n'est pas beaucoup plus âgée que moi, j'en palis d'ignorance. Alors oui, je me remets en question et je me demande si j'ai, non plus la discipline pour écrire un livre, ça je le crois, mais la légitimité.

Alors vous me direz, vu le nombre de livres et la diversité des auteurs, je suis certainement plus légitime que certains. Oui mais quelque art dans lequel je prends la responsabilité de m'exprimer, je tiens vraiment à le respecter. Pas forcément faire un travail ouvertement marginal et élitiste, ce que je soupçonne Chloé de faire (même si elle s'en défend), mais éviter autant que faire se peut la médiocrité. Je n'ai personnellement pas d'animosité particulière envers le "système" commercial, médiatique ; quelque artiste que ce soit, même le plus underground, se doit de vendre son art à un moment ou à un autre.

Et pour être franc je crois tout à fait avoir la trempe pour faire ce genre de roman qui a beaucoup de succès en ce moment, écrits par de beaux jeunes bobos en autofiction justement, pour décrire une réalité décadente ou faire de la provocation gratuite. Comme le résume si bien Chloé : "Je ferai partie des écrivains branchés le jour où mes bouquins raconteront comment j'ai vomis mon whisky-coca après une ligne de coke dans les toilettes des Bains Douches."
Mais est-ce vraiment ce que je désire faire ? Je ne crois pas non.

Déjà je n'ai pas cette vie là, et j'ai surtout besoin de sincérité dans ma fiction. Je ne veux pas surfer sur la vague et être le prochain sur la longue liste des écrivains branchés. Je m'en fiche. Je voudrais que les gens ressentent et soient touchés au plus profond par ce que je veux transmettre dans mon livre. Je veux que ce soit une expérience plutôt qu'un passe-temps.

Et pour finir, je ne suis pas d'accord avec Chloé sur un point : pour moi depuis le départ et pour tous les arts, le fond est le plus important. Je reconnais avoir négligé de prendre la forme assez au sérieux et je vais m'y atteler. Mais le fond est indéniablement et irréversiblement le plus important dans toute oeuvre d'art, d'après moi.

Dans tes rêves

Course effrenée de taureaux blancs gigantesques, furieux, affolés, sérrés commes des sardines dans ce long couloir à carreaux blancs de labo, qui se marchent dessus stressés qu'ils sont, se donnant des coups de cornes aiguisées et le sang d'éclabousser ce décor immaculé. Impression de vitesse, d'empressement, de fuite en avant... une sorte de rollerball animal.

Et nous qui faisons la "course" en sautant de l'un à l'autre sur leurs dos énormes en essayant d'éviter les coups de cornes léthaux. Ciel dégagé. Il faut que je la gagne cette course. Je suis premier, suffit de finir ce virage en descente. Je vois william à la corde qui prend le meilleur. Mon meilleur ami, pas très grave. Je suis surtout content d'arriver au but en un seul morceau. Je vais terminer deuxième sur huit ou dix ? Je ne m'en souviens plus. Je me souviens de cette sensation de non-équilibre, de proximité de la chute dramatique, pour finir dans l'obscurité piétiné par ces monstres colossaux. Tout ça en une poignée de secondes.
Le sang volait, goût de caillot sur la langue.

La course est finie, la ligne jaune passée nous sautons des taureaux pour retrouver la terre ferme, le danger est passé, je me fiche du sort des poursuivants. Je suis sincèrement content pour William.
Je recrache ce morceau de chair que j'ai dans la bouche, il se met à gigoter et grimper les carreaux blancs vernis du mur, horreur.

Ceci n'est que la fin du rêve mais je ne me souviens que de ce moment là. La course avait été longue auparavant, c'est tout. Ca s'est passé il y a quelques nuits mais il me hante toujours ce rêve. J'aimerais comprendre sa signification, les indications que mon subconscient a voulu me transmettre avec ces symboles.

Pourquoi les taureaux ? Pourquoi le danger si omniprésent ? l'impression de marcher sur des oeufs ? Pourquoi la course (je crois que je me sentais poursuivi) ? Pourquoi n'arrive-je que deuxième ? Qu'est-ce que Will vient faire là ? Et ce bout de sang qui prend vie...

Je devrais pouvoir y trouver une logique, des images pour décrypter le tout, c'est dans ce paragraphe que j'explique la signification profonde du rêve mais la vérité est que je n'en ai aucune espèce d'idée.
La société est une compétition ? peut-être. Mais je n'ai jamais été en position de compétition avec Will. Je n'ai aucun lien de près ou de loin avec des bovins ni n'en ai vu récemment, ce doit être une métaphore. Le caillot m'échappe totalement pour sa part. Le décorum, carreaux de labo et ciel bleu, les giclées de sang... non vraiment je ne vois pas.