L'écriture de mon bouquin me fait me poser beaucoup de questions. Il y a de bons éléments dans ce que j'ai écrit mais je ne trouve pas ça brillant non plus.
J'ai lu le blog de Chloé Delaume sur son site et me suis beaucoup remis en question. Je suis loin d'avoir ce que l'on peut considérer une culture littéraire, et pour moi jusqu'ici mon bouquin c'était surtout un moyen de sortir tout ce que j'ai dans le ventre, crier au monde que j'existe.
Je n'ai pas vraiment pensé au style d'écriture et à ma sincérité artistique, partant du fait que dès le départ pour moi, écrire un bouquin c'est de toute façon respectable. Elle m'a fait comprendre que non, qu'il y a de la mauvaise littérature, du bas de gamme et qu'il se pouvait que ce que je fais en soit.
Je fais de l'autofiction dans un style actuel, c'est à dire lâcher les mots bruts, style assez clair et direct. Je suis capable de jouer avec le style et les mots mais je n'avais pas l'intention de le faire ici.
Je me rends compte aussi que mes paragraphes partent un peu dans tous les sens, j'ai tellement de choses à dire que tout vient en vrac (classique pour une première oeuvre -- dans quelque domaine que ce soit) et n'est pas épuré par les années d'expérience de l'écrivain aguérri.
Je fais aussi un complexe sur le vocabulaire. Bien-sûr j'en ai, et certainement j'en utilise plus que la majorité des gens mais quand je vois certains mots employés par Chloé Delaume, qui n'est pas beaucoup plus âgée que moi, j'en palis d'ignorance. Alors oui, je me remets en question et je me demande si j'ai, non plus la discipline pour écrire un livre, ça je le crois, mais la légitimité.
Alors vous me direz, vu le nombre de livres et la diversité des auteurs, je suis certainement plus légitime que certains. Oui mais quelque art dans lequel je prends la responsabilité de m'exprimer, je tiens vraiment à le respecter. Pas forcément faire un travail ouvertement marginal et élitiste, ce que je soupçonne Chloé de faire (même si elle s'en défend), mais éviter autant que faire se peut la médiocrité. Je n'ai personnellement pas d'animosité particulière envers le "système" commercial, médiatique ; quelque artiste que ce soit, même le plus underground, se doit de vendre son art à un moment ou à un autre.
Et pour être franc je crois tout à fait avoir la trempe pour faire ce genre de roman qui a beaucoup de succès en ce moment, écrits par de beaux jeunes bobos en autofiction justement, pour décrire une réalité décadente ou faire de la provocation gratuite. Comme le résume si bien Chloé : "Je ferai partie des écrivains branchés le jour où mes bouquins raconteront comment j'ai vomis mon whisky-coca après une ligne de coke dans les toilettes des Bains Douches."
Mais est-ce vraiment ce que je désire faire ? Je ne crois pas non.
Déjà je n'ai pas cette vie là, et j'ai surtout besoin de sincérité dans ma fiction. Je ne veux pas surfer sur la vague et être le prochain sur la longue liste des écrivains branchés. Je m'en fiche. Je voudrais que les gens ressentent et soient touchés au plus profond par ce que je veux transmettre dans mon livre. Je veux que ce soit une expérience plutôt qu'un passe-temps.
Et pour finir, je ne suis pas d'accord avec Chloé sur un point : pour moi depuis le départ et pour tous les arts, le fond est le plus important. Je reconnais avoir négligé de prendre la forme assez au sérieux et je vais m'y atteler. Mais le fond est indéniablement et irréversiblement le plus important dans toute oeuvre d'art, d'après moi.
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