Monday, November 20, 2006

La vie urbaine

Je ne bois pas, je ne fume pas, je fais du jogging, je ne pisse pas à côté, je ne pars pas les mains vides. Ca ne m'empêche pas d'avoir une vie de merde.
On est peu de choses, et encore moins en milieu urbain. Moi, je ne suis pas différent. On veut tous être différents pour se croire supérieurs, uniques d'une manière ou d'une autre et je crois bien que ma supériorité à moi c'est d'avoir compris que j'étais banal à tous points de vue. Ca me donne ce petit pincement de fierté d'avoir réalisé ce truc là avant les autres. On essaye pourtant de toutes nos forces, toute notre vie, ça en devient de l'acharnement ; vouloir se démarquer pour que les gens autour nous remarquent, qu'ils daignent nous lâcher ce bref regard, ce minuscule compliment qui va pour une seconde nous faire se sentir vivant, intéressant. C'est la drogue universelle.
On n'existe pas par soi en milieu urbain, non, on existe uniquement dans le regard des autres. Voilà pourquoi -- pour paraphraser Jacno -- la société c'est de la merde.

Je m'intéresse à beaucoup de choses tout en étant conscient que je ne sais rien à rien. J'ai beaucoup de potentiel en moi pourtant mais personne ne le sait. Au fond personne ne veut le savoir non plus.
J'ai une vie quotidienne tout à fait inintéressante, l'ironie étant que j'en suis parfaitement conscient mais aussi trop fainéant et peu courageux pour en changer. Je trouve peu de satisfactions dans le travail, mon supérieur direct étant proche de la retraite donc exécrable, quelques collègues totalement rasoirs et tout à fait imbéciles. C'est fascinant avec quelle ferveur les gens s'acharnent à refuser toute forme d'ouverture à la culture aujourd'hui. Le manque de curiosité intellectuelle surtout. Je n'en suis qu'un impuissant témoin mais j'ai depuis longtemps cessé de combattre pour m'auto-niveler et ne jamais me retourner. Ca doit être ça la vie, après tout.

Au prix de fières et nombreuses batailles j'ai finalement réussi à acquérir ce si précieux CDI, sésame post-moderne du fils de soixante-huitard.

Thursday, November 16, 2006

The End

Oui mais ça c'était avant, quand j'étais con.

Vous savez, la vie nous réserve souvent des surprises, et en général ce sont des mauvaises. Alors oui, avant j'aurais fait comme tout le monde, j'aurais laissé couler. C'est effroyable le nombre de fois dans notre vie où nous fuyons nos responsabilités. On voudrait se croire solide et à toutes épreuves mais quand elles arrivent finalement en nous arrachant la gueule contre le trottoir, on se rend vite compte du fossé qu'il existe entre ce qu'on voudrait croire que l'on est et la triste vérité. Non, mieux vaut ne pas s'interroger, ne pas remettre en cause l'ordre des choses, mieux vaut cultiver son jardin. Ou mieux encore, autant rester chez soi à regarder la télé. Y a quoi ce soir d'ailleurs ? passe-moi le programme.

Alors oui avant j'étais comme vous, j'étais con. Je ne m'intéressais pas aux choses, je me disais que, en fait non je ne me disais rien, je laissais les choses se faire. Et puis un jour Philippe Starck m'est tombé sur la tête. Eh oui, on a pas tous la chance d'être américain. Moi je ne suis qu'un pauvre français et nous, même les trucs qui nous tombent sur la tête sont risibles.

Enfin l'avantage d'un Philippe Starck sur un boeing 767 c'est qu'au final, moi, j'ai survécu. C'est assez difficile de vivre avec ça ; je l'avoue volontiers mais cet épisode m'aura au moins permis de redéfinir mes priorités et de prendre le contrôle de ma vie. Et de beaucoup plus que ça d'ailleurs, mais pour le savoir il vous faudra attendre la page 56.

"La vie, c'est comme une passe au bois de boulogne", je crois que ça ne veut rien dire mais réfléchissez-y quand même au cas où il y ait un sens caché révolutionnaire. C'est très facile de donner des vérités arbitraires à tout bout de champ comme ça, en faisant croire aux autres qu'on a compris le sens de l'univers. Moi ce que je dis, c'est que l'homme n'a pas été créé pour comprendre le sens de l'univers, il a été créé pour chasser du mammouth et baiser de la femme de cro-magnon pour se reproduire. La civilisation, c'est pêter plus haut que son cul.

Personnellement, je n'ai jamais eu l'orgueil de vouloir comprendre l'univers mais j'ai compris beaucoup de choses sur la nature humaine grâce à Philippe Starck.

La vie urbaine

Je ne bois pas, je ne fume pas, je fais du jogging, je ne pisse pas à côté, je ne pars pas les mains vides. Ca ne m'empêche pas d'avoir une vie de merde.